Si le montant des fraudes au chèque a explosé et l’émission de chèques ne cesse de diminuer, les entreprises ne sont pas pour autant prêtes à signer son arrêt de mort. Force des habitudes, facilité de gestion de la trésorerie en flux tendue, … les freins sont nombreux selon une enquête de l’AFTE.
453 millions d’euros. C’est le montant estimé en 2018 de la fraude au chèque estime l’Observatoire de la Sécurité des Moyens de Paiement (OSMP). Soit une hausse de 52% par rapport à l’année précédente.
Si le chèque représente seulement le 4e moyen de paiement scriptural, il semble faire de la résistance au sein des entreprises et peu nombreuses sont celles qui souhaitent y renoncer malgré l’ampleur des fraudes qui ne cessent d’augmenter.
Explosion des fraudes au chèque
Cependant, si le montant des fraudes a explosé, les méthodes des fraudeurs ont peu évoluées. Ainsi, toujours selon l’OSMP, les fraudes aux chèques résultent de vols (56% des montants fraudés) auprès du titulaire ou dans les circuits de distribution ou de la falsification (33% des montants fraudés) par grattage, surcharge ou gommage des mentions sur un chèque valide.
Un renforcement de la sécurité de ce moyen de paiement est donc plus que nécessaire. Et l’Observatoire invite donc l’ensemble des professionnels à mettre en place des moyens d’identification des transactions à risque permettant par exemple d’alerter le titulaire de compte en cas de mouvements suspects ou de refuser une transaction au point de vente en cas de suspicion de fraude.
46% des entreprises ont pour projet de cesser l’émission de chèques
Selon une enquête* de l’AFTE (association française des trésoriers d’entreprise) auprès de ses adhérents, 39% des entreprises ont constaté une fraude sur les chèques qu’elles ont émis. Or, seulement 46% d’entre elles ont pour projet de cesser l’émission de chèques. Les raisons invoquées? Aller dans le sens de la dématérialisation, une volonté de se débarrasser de la lourdeur administrative, un gain de temps mais aussi pour mieux maîtriser les dates de valeur et ainsi avoir un meilleur contrôle interne. Un dernier argument qui devrait parler aux DAF, garants de la trésorerie et du pilotage des KPI’s s’y rapportant. A contrario, les ardents défenseurs du chèque y voient une solution de gestion de la trésorerie en période tendue et une meilleure façon d’isoler et tracer les flux.
Dans les faits, 53% des répondants à l’enquête utilisent le chèque manuel contre seulement 15% le chèque sécurisé. Notons toutefois que 14% des répondants n’utilisent pas de chèques comme moyen de paiement. A l’inverse, la majorité des entreprises (58%) reçoivent les 2 types de chèques (manuel et sécurisé).
Mais les freins sont nombreux…
Les entreprises répondantes utilisent le chèque pour des transactions BtoC ou pour leurs employés pour diverses raisons : dans le cas de remboursement en urgence, pour les notes de frais, pas d’IBAN fourni, ou encore pour un SI incompatible avec les virements. De même, elles ont recours au chèque pour des transactions BtoB ou auprès de l’administration car souvent l’IBAN ne correspond pas au SIREN, dans le cas de paiement d’amendes, de redevances, ….
Du côté de la réception, 77% des répondants avouent n’avoir relevé aucune fraude sur les chèques reçus ( contre seulement 16% qui se plaignent de vol ou de pertes et 13% de falsification). Au final, seulement 32% des entreprises ont en projet de cesser d’accepter ou de restreindre l’acceptation des chèques dans leur entreprise. Mais ces dernières évoquent des changements de pratiques difficiles à réaliser, des clients qui ne sont pas prêts ou encore des cartes commerciales trop coûteuses.
Alors pourquoi ne pas s’inspirer du Benelux qui a interdit l’usage du chèque en BtoB s’interrogent les entreprises. Car, « les logiciels finance ne nous aident pas, et il n’existe aucune solution inter-éditeurs pour développer des alternatives », déplore l’un des répondants à l’enquête.
Source: Daf-Mag.fr